Le jeudi 9 mai, retrouvez Fiston Mwanza Mukulu sur la scène du Senghor.
Je suis Mwanza Mujila. Je suis encore Mwanza wa Mwanza. Mwanza Mbala, Mwanza Nkangi, Mwanza Nkongolo, Tatu Mukulumpe Mwanza, Mwanza wa ba Tshibamba, Tshimankinda, Mukalenga Mwanza... Mon nom de famille (nom du ventre, pour être précis) est un cabinet de curiosités, mieux encore un musée vivant. Je ne suis donc pas seul sur scène. Je suis accompagné de ma généalogie, de mes parents, mes tantes; de Tshimbalanga, l'avant-cadet de mes oncles, de mon Kaku ou l' arrière-grand-père, de l'Esprit de l'Aïeule, des arbres-à-esprits, du fleuve Congo, de la rivière Lubilanji, du lac Munkamba... Toutes ces Choses, ces Fleuves, ces Femmes, ces Hommes, ces Esprits s'incrustent et éructent à travers moi. Car mon corps est bien celui de mon Kaku, ma bouche n'étant rien d'autre que le museau de l'avant-cadet de mes oncles et ma voix, celle de la défunte tante Mulanga. Prières à Mvidi Mukulu qui se veut une lecture collective est une adresse à l'Esprit Ainé. Chez le peuple luba d'où je suis originaire, on n'invoque Dieu qu'en cas de force majeure. Pour les affaires courantes, on recourt aux ancêtres ou bakishi, aux Esprits cadets... En français, en luba et en allemand, à travers cette performance, moi et ma généalogie exhortons Mvidi Mukulu à ne pas nous assassiner dans le sommeil, nous l'exhortons à ne pas nous couvrir le corps des pustules, à ne pas nous frapper de la maladie du sommeil et du paludisme, à sursoir la foudre et l'épilepsie.
Photographie © Arno Ebner